mr nobody de jaco van dormael



As long as you don’t choose, everything remains possible


Mr Nobody est un film dont il est extrêmement difficile de parler.

Il est malaisé de le décrire, car, c’est un film diffus, qui expose diverses possibilités, suite à un dilemme cornélien. Contrairement à ce que la bande-annonce prétend, il n’y a pas trois vies possibles, il y en a plus. C’est l’effet papillon : si on dit une phrase de plus, qu’on fait un geste en moins, ou en plus, peu importe, si on change un détail, alors toute la ligne de vie change complètement.

Nemo est un petit garçon, qui, jusqu’ici était heureux avec ses parents. Nemo est persuadé de se souvenir de ce qu’il y avait avant qu’il ne soit avec ses parents, mais aussi, de voir le futur. Un jour, de façon anodine, il prédit l’accident de voiture de son père.

Quelque part, un vieillard de 118 ans est le dernier homme mortel sur Terre, en 2092, dans un univers high tech. On ne sait rien sur lui, si ce n’est qu’il s’appelle Nemo Nobody et qu’il va mourir sous peu. Des gens tentent de l’interviewer pour retracer son parcours.

Il y a le Nemo qui vit avec son père, celui qui vit avec sa mère.

Nemo vit avec Elise, sa femme dépressive. Nemo est malheureux avec Jeanne. Nemo meurt alors qu’il connaît le bonheur avec Anna. Nemo aime Anna, est sûr qu’ils sont faits pour être ensemble, mais elle n’est pas avec lui. Nemo attend Anna.

Comment toutes ces possibilités de vie de Nemo sont-elles arrivées ? Au spectateur de le découvrir, en s’agrippant à son siège en essayant de suivre les tergiversations du scénario et de la caméra de Jaco Van Dormael, qui passe d’un moment à l’autre, ne respectant pas de chronologie véritablement, jonglant avec les émotions, les causes, les faits, les amis, les amours, les emmerdes.

Mr. Nobody est une évolution de Toto le Héros, du point de vue narratif, des décors.

Des tons très colorés, qui rappellent l’enfance de Thomas dans Toto le Héros, des voix-off qui résonnent comme des déjà-vus. Le petit Thomas est extrêmement solitaire, promis à une vie sans éclats, et le petit Nemo, est aussi un personnage singulier, souvent délaissé, isolé du reste du monde à qui il ne donne presque pas d’attentions.

Des symboles récurrents comme l’eau, le feu, les avions, se partagent le gros de l’intrigue des deux films.

Mais le plus gros point commun, c’est le sujet du film : le sens de la vie. Si dans Toto le Héros, le vieux Thomas se dit qu’il est passé à côté de sa vie, qu’il aurait dû agir autrement, Nemo (à tout âge) pense pareil, veut éviter cela ou fait tout pour ne rien regretter à travers ses vies parallèles. Thomas avait l’impression qu’on lui avait volé sa vie, Nemo ne veut pas qu’on lui vole, la chose qui l’effraie le plus, c’est de ne pas avoir vécu assez. Du point de vue des personnages féminins des deux films, autre gros nœud : le cas Alice/Anna.

Dans Toto le Héros, le petit Thomas est amoureux de sa sœur ainée, Alice, une jeune fille espiègle qui meurt tragiquement dans un incendie. Adulte, il fait la connaissance d’une femme, Evelyne, qui ressemble comme deux gouttes d’eau à sa défunte sœur, et s’éprend d’elle, la confond, comme si son destin était d’aimer cette seule et unique personne, Alice. On peut dire qu’Anna est le grand amour de Nemo, la jeune femme se retrouvant toujours dans une des possibilités de vie.

Cette ressemblance avec Toto le Héros est d’autant plus flagrante qu’elle s’éloigne, à d’autres moments à cause de l’époque, les lieux, le côté « vague » de l’intrigue qui déstabilise trop souvent.

Voilà le gros défaut de Mr Nobody : le film est trop long, et jusqu’à la fin, tout est confus, obscur, vaporeux. Même si dès le début, il est commode de comprendre le fin mot de l’histoire, par des atermoiements troublants, les détails restent nébuleux.

Mister Nobody, c’est un délire aux allures psychédéliques, qui conjugue la possibilité d’une autre vie, le désir d’accomplir le sens de la vie qu’on espère, et l’importance de la tournure que prennent certaines relations.



A propos Sophie

Je n'aime pas les éclats de voix
Cet article a été publié dans 2009, américain, belge, drame, van dormael. Ajoutez ce permalien à vos favoris.